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15 Feb
15Feb

Le 3 février dernier, lors du conseil municipal d’Annecy, Antoine GRANGE, au nom du mouvement Les Annéciens, a eu l’occasion d’exprimer notre inquiétude face au projet de Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi). Un document qui aurait dû être l’acte politique majeur pour l’avenir de notre agglomération et répondre aux attentes des habitants en matière de logement, de mobilités et de transition écologique. Malheureusement, ce PLUi se révèle être un frein à l’avenir de notre territoire, une vision restrictive qui ignore les dynamiques économiques et sociales actuelles. Voici pourquoi nous nous y opposons.

1. Annecy : Un territoire attractif, un potentiel ignoré

Notre territoire est irrésistiblement attractif, et ce n’est pas un choix politique mais une réalité économique et sociale sur laquelle les élus locaux n’ont pas de prise. L’essor de Genève et le désir croissant des Français de se rapprocher de la nature placent Annecy au cœur d’une dynamique irrépressible. Plutôt que d’anticiper et d’accompagner ces tendances, ce PLUi les ignore et empêche l’accompagnement nécessaire pour préserver notre qualité de vie.

Les conséquences de cette absence d'anticipation, nous les connaissons, car c'est l'urbanisme pratiqué depuis 30 années à Annecy : 

  • une arrivée massive de population
  • une construction anarchique, un étalement urbain qui rogne sur nos terres agricoles et naturelles, 
  • des trajets en voiture de plus en plus longs et nombreux, faute de logements abordables à proximité,
  • des services publics dépassés et des infrastructures sous-dimensionnées.

Le diagnostic du PLUi souligne pourtant des besoins criants : 1 600 habitants supplémentaires par an, soit 24 000 habitants d’ici la fin de l’application du PLUi, un chiffre présenté comme un objectif par l’Agglomération mais qui se révèle sous-évalué par rapport aux estimations de croissance démographique de l'INSEE pour notre territoire. Le document prévoit également la production de 1 400 logements par an, soit 21 000 logements en 15 ans, ce qui est en contradiction avec les restrictions imposées par le règlement sur Annecy, qui freinent fortement la constructibilité et risquent d’accélérer la crise du logement (voir point 3).

Ce constat est d'ailleurs partagé par nos voisins du territoire "Métropole Savoie" (région de Chambéry) qui s'inquiètent fortement de la trajectoire prise par la Ville d'Annecy et des conséquences pour leur territoire.

2. Un manque d’investissement dans le logement et l’activité économique

Les besoins en logements augmentent : décohabitation, vieillissement de la population, mutations professionnelles... Pourtant, ce PLUi ne répond pas à cette réalité. Il risque de transformer Annecy en une ville figée, où heureusement, les terres agricoles seront préservées du béton, mais où :

  • Les prix des logements exploseront faute d’offre suffisante en empêchant toute opération de densification ;
  • Le logement social sera insuffisant pour répondre aux objectifs de mixité fixés par le PADD ;
  • L’activité économique sera repoussée vers d’autres pôles comme Annemasse, Chambéry ou Lyon.

Le Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) fixait pourtant des objectifs clairs : réduire l’étalement urbain et favoriser une mixité sociale. Pourtant, le règlement du PLUi limite fortement les hauteurs et les densités, freinant ainsi toute évolution harmonieuse de la ville et encourageant même l'habitat individuel avec des coefficients d'emprise au sol et de recul par rapport à la voirie très élevés.

3. Une politique d’urbanisme qui bloque toute dynamique

Le PLUi enferme Annecy dans une rigidité excessive, cristallisant la ville dans un modèle obsolète. En imposant sur 95% de la ville :

  • Des hauteurs limitées à 12 mètres (deux étages seulement !), en décalage avec les constructions existantes ;
  • Des règles qui favorisent la maison individuelle au détriment d’un urbanisme dense et de qualité ;
  • Une volonté de mixité sociale qui cible la majorité de la production de logements sociaux sur les 5% du territoire restants, sans réalisme opérationnel et financier, qui va empêcher la production de logements sociaux.

Fait notable, le PLUi est bien plus équilibré sur le reste de l’agglomération où les règles sont plus souples et cohérentes avec le PADD. Cette hétérogénéité flagrante entre Annecy et les autres communes de l’agglomération est regrettable pour un document censé être intercommunal. Il est absurde d’observer une telle disparité de traitement alors que ces territoires partagent les mêmes enjeux, d'autant plus que les objectifs intercommunaux de production de logement dépendent fortement de la Ville d'Annecy (870 logements par an, soit plus de 60 % de la production totale prévue par le PLUi), et donc risquent, de fait, de ne pas être atteints pour les raisons évoquées ci-dessus.

4. L’urgence d’une révision totale du projet

Ce projet de PLUi, en refusant d’intégrer la réalité démographique et économique d’Annecy (coût du foncier, état des finances publiques...), ne peut qu’aggraver les fractures sociales et territoriales. Si nous ne corrigeons pas cette trajectoire, nous allons vers :

  • Une gentrification accélérée ;
  • Une explosion des prix immobiliers et la disparition du logement accessible (avec, par conséquent, une relégation des populations les moins favorisées loin du cœur d'agglomération, synonyme d'une perte de main d'œuvre, et d'une augmentation des déplacements en voiture) ;
  • Un blocage des mutations foncières et le départ des entreprises ;
  • Une insécurité juridique majeure pour les porteurs de projets.

Face à ces constats alarmants, nous demandons une révision du règlement du PLUi sur le territoire de la Ville d'Annecy. Il est impératif de sortir d’une logique de blocage et d’ouvrir une véritable concertation avec toutes les parties prenantes (bailleurs sociaux, promoteurs immobiliers, associations de consommateurs...). Annecy a besoin d’un projet d’urbanisme ambitieux, réaliste et à la hauteur des défis de demain.

Le mouvement Les Annéciens reste mobilisé pour défendre une vision cohérente et dynamique de notre territoire. Ne laissons pas Annecy s’enfermer dans l’immobilisme ! Cet immobilisme, ce sont toujours les mêmes qui en pâtiront : les plus modestes, les jeunes actifs déjà présents sur notre territoire, qui y sont nés, et qui seront contraints à l'émigration forcée pour continuer à vivre.

Nous ne comprenons pas qu’en cinq années de mandat, toujours aucune stratégie foncière globale n’ait été mise en place, qu’aucune zone d’aménagement concertée n’ait été créée, que des permis de construire aient été annulés sans fondement légal, nous menant à des procès perdus qui coûtent cher à la collectivité. Cinq années à multiplier les études qui, pour beaucoup, ont simplement confirmé ce que nous savions déjà. Quelle perte de temps, alors que l’urgence du réchauffement climatique ne nous permet plus d’attendre ! L’inaction n’a fait qu’aggraver la crise sociale et environnementale sur notre territoire.

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