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03 May
03May

Les parcours éducatifs (éducation physique et sportive, éducation artistique et culturelle, projets de classe, plus récemment environnementaux et numériques) ont une longue histoire sur Annecy et font la fierté de notre accompagnement à l’éveil et l’accompagnement de nos enfants par la ville. Particulièrement les PEAC (Parcours d’éducation Artistique et Culturelle) qui sont l’objet de cette délibération, mais ce que je vais dire s’appliquera aussi aux parcours d’éducation physique et sportive.

Ces PEAC étaient jusqu’à présent organisés d’une manière efficiente et égalitaire qui donnait entière satisfaction aux élèves, aux équipes éducatives et aux parents. 

En effet, la ville attribuait en début d’année scolaire un parcours à chaque classe, avec une rotation sur les 3 PEAC sur 3 ans : PEAC Musique, PEAC Arts visuels et spectacles vivants et PEAC Littérature

Ainsi chaque enfant se voyait attribuer un PEAC chaque année. On peut dire que la ville avait instauré un droit individuel de chaque enfant à avoir un PEAC. De plus, la rotation permettait ainsi à chaque enfant d’expérimenter au cours de son cursus plusieurs activités, ouvrant ainsi son esprit sur de nombreux champs de la culture. Bref, il s'agissait d'un droit à l’accès à la culture pour chaque enfant, une diversité culturelle bénéfique à tous, et tout cela avec très peu de paperasse.

Lancement du dispositif "PEAC" à la Ville d'Annecy en 2019

Or, la nouvelle organisation proposée lors du Conseil Municipal du 29 avril 2024 remet totalement en cause ces principes. 

En apparence, comme vous présentez cette réforme il semble que rien ne change. Les parcours sont toujours là, avec un petit changement puisque le dernier PEAC littérature devient “sorties culturelles”. Vous vantez même un "renforcement de l'autonomie du dispositif" qui doit conduire à "libérer les énergies par la prise d'initiative des instituteurs".

MAIS.

  1. D’abord, concernant ce PEAC Sorties culturelles, il interroge beaucoup les équipes éducatives car jusqu’à présent, les sorties culturelles pouvaient se faire en dehors des PEAC, à la demande et à l’initiative des équipes enseignantes. Chaque classe bénéficiait d’un spectacle au Théatre des colines ou à Bonlieu. Un élève qui s’était vu attribuer le PEAC Musique pouvait, si l’enseignant en faisait la demande, aller voir en plus un spectacle de danse par exemple. Ceci sera-t-il toujours possible ou faudra-t-il être dans le PEAC “Sorties culturelles” pour voir des spectacles ?
  2. Deuxième changement d’ampleur : la paperasse que vous imposez aux enseignants qui devront dorénavant remplir un dossier de 12 pages pour inscrire leur classe à un PEAC ou un créneau sportif contre une page jusqu’à présent. Les enseignants sont submergés de dossiers, de rapports, à remplir. Pourquoi leur infliger un de plus alors que tout fonctionnait bien jusqu’à présent ? 
  3. Troisième changement fort : jusqu’à présent chaque enfant, chaque classe se voyait attribuer un PEAC pour l’année par la ville. Ainsi chaque enfant faisait un PEAC dans l’année. Il y avait droit. Dorénavant ces PEAC seront soumis au bout vouloir de l’enseignant ou de l’école qui remplit ou non le dossier de 12 pages pour inscrire sa classe ainsi que d'une commission d’arbitrage qui, en cas d’embouteillage sur un PEAC, pourra refuser la demande d’une école.

Ainsi d’un droit individuel et universel qui existait jusque-là, on va passer à un choix, par nature arbitraire et inégalitaire. 

Un enfant aura ou non droit à un PEAC selon le bon vouloir (et la disponibilité) de son enseignant et d’une commission ad hoc. Bref, un enfant pourra ne pas avoir de PEAC à compter de la rentrée prochaine. C’est un changement majeur, une régression inquiétante et pour tout dire incompréhensible et inacceptable.

Enfin, dernier changement loin d’être anecdotique, c'est celui de la période de choix des créneaux sportifs et des autres projets de classe. Auparavant, la ville distribuait les crédits pour les classes vertes à chaque classe à la rentrée scolaire. L’enseignant avait le temps de découvrir ses élèves, son école avant de se lancer dans un projet de classe de découverte. Dorénavant les enseignants doivent envoyer leurs demandes pour l’année suivante avant le 5 avril ou le 30 mai. C’est une période où les attributions du mouvement des mutations des enseignants ne sont pas connues. Ainsi des enseignants vont faire des demandes pour une classe dans une école où ils n’enseigneront peut-être même pas à la rentrée… De même, les attributions de niveaux dans les écoles ne sont pas encore stabilisées début avril. Ainsi une enseignante de CP fera un dossier de demande  pour un projet de classe de neige pour une classe de CM2 alors qu’elle pourrait finalement enseigner en petite section… Tout cela n’est pas très sérieux.

Alors pourquoi tant de changements pour un dispositif qui donnait satisfaction jusque là ? Quel est le but de cette nouvelle convention ?

La réponse a été amenée en commission “Culture” où l’enveloppe financière attribuée à ces PEAC anticipe une diminution de 30% des crédits dédiés pour la rentrée prochaine. Alors que la majorité, Monsieur Bovier (adjoint au scolaire) et Monsieur Géry (adjoint à la culture) font comme si rien ne changeait, avec a priori toujours autant de choix possibles, ils parient en fait sur un désengagement des enseignants fatigués de remplir des dossiers pour tout en complexifiant les conditions d’accès à ces dispositifs. Ce raisonnement est totalement cynique car il vise, en complexifiant les choses à décourager les enseignants d’avoir recours à ces PEAC, créneaux sportifs et autres classes de découverte et donc in fine à permettre des économies. 

Nous n’avons pas les mots pour dénoncer cette méthode et cette casse du service public, un service qui faisait la fierté et la réputation de la Ville d’Annecy dans tout le département. 

Après la baisse l’année dernière des enveloppes de fournitures scolaires, finalement rétablies après mobilisation des parents et des équipes enseignantes, relayée ici par notre groupe, après la baisse de 40% de l’allocation pour les déplacements scolaires qui elle reste de mise, c’est donc aujourd’hui par le PEAC que la majorité attaque les jeunes annéciens, leurs parents et l’école. C'est une honte. Face à cette casse du service public annécien orchestrée par une majorité qui se dit “de gauche” nos élus au Conseil Municipal ont voté contre cette délibération et nous appellons les parents, enseignants, mais aussi les partenaires de ces PEAC à la mobilisation. Les coupes budgétaires ne doivent pas se faire sur le dos de nos enfants. Ça suffit !

Le mouvement Les Annéciens

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