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06 May
06May

Tombés sur l’article “Railcoop : la privatisation ferroviaire sous façade citoyenne” du média Le Vent Se Lève, l’histoire qui y est racontée nous a paru familière. Non pas parce que nous sommes des experts du ferroviaire, mais parce que le modèle présenté et les arguments développés ici, nous parlent. Ils font écho à l’offre politique initialement proposée par le collectif “Réveillons Annecy” et sa réalité après 3 ans de gouvernance municipale.

La réouverture des lignes secondaires et des petites gares qui ont successivement été fermées ces dernières décennies est un combat qui, de prime abord, soulève notre sympathie. Localement, nous sommes plutôt pleinement engagés pour qu’enfin, rouvrent ces lignes secondaires et ces petites gares qui ont successivement été fermées ces dernières décennies. Le doublement de la voie d’Aix-les-Bains jusqu’à Annecy mais également d’Annecy à Annemasse serait le seul moyen d’améliorer le potentiel du développement du transport de voyageurs dans notre département qui, soit dit en passant, trône toujours en tête de la liste des départements les plus motorisés de France. Les pouvoirs publics, l’État notamment pour ce qui est de l’infrastructure ferroviaire n’agissant pas, la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Railcoop veut « redonner du sens à la mobilité ferroviaire en impliquant citoyens, cheminots, entreprises et collectivités autour d’une même mission : développer une offre de transport ferroviaire innovante et adaptée aux besoins de tous les territoires ».

Oui mais voilà, l'enquête réalisée par Le Vent Se Lève, révèle :

  • une communication abusive faite d'une succession d'effets d'annonce qui enthousiasment mais qui ne sont pas suivis de réalisations concrètes (qui masquent même l'inactivité de la société); 
  • sous un vernis de valeurs qui permet la recherche de financement, une absence de viabilité économique de l'entreprise (les anglo-saxons résument ce système ainsi : “Fake it until you make it”); - une coopérative à la gouvernance très verticale et resserrée; 
  • un climat social sous tension...

Comment ne pas voir l’analogie avec la supercherie locale que nous connaissons à Annecy ? Le collectif citoyen “Réveillons Annecy” a lui aussi voulu “redonner du sens à l’action publique municipale en impliquant les citoyens autour de trois piliers : la transition écologique, la justice sociale et le renouveau démocratique”. Ces mots aujourd’hui semblent tellement galvaudés aux yeux des Annéciennes et des Annéciens qu’il nous tenterait presque de les mettre plusieurs fois entre guillemets. Mais pour garantir la lisibilité de notre propos à nos lecteurs, nous nous abstiendrons.

UNE COMMUNICATION CITOYENNE ET VOLONTARISTE BASÉE SUR L’EFFET D’ANNONCE

Le discours d’un collectif citoyen, visant à tout changer, tout bouleverser, a suscité un grand intérêt médiatique. Qu’il s’agisse de la presse régionale ou nationale, les médias ont été très nombreux à relayer cette initiative “Réveillons Annecy”. Nombre de médias « engagés » ont également participé activement à la promotion de cette “nouveauté” (Librinfo74, L’Oreille de Tatu…).

Un “story-telling” digne des meilleures séries NETFLIX : L’arrivée du “collectif” aux manettes (sans évoquer le vote de rejet de l’équipe sortante), la surprise de la fusion des deux listes entre les deux tours , (on est passé de Réveillons Annecy à Réveillons Annecy pour qu’Annecy Respire), des membres de l’exécutif qui dialoguent franchement (mais qui ne sont d’accord sur rien). 

En annonçant régulièrement des nouveaux projets, de nouvelles initiatives, le collectif devenu majorité s’offre une forte couverture médiatique, en particulier dans la presse locale, intéressée par la perspective de pouvoir raconter qu’enfin, il se passe quelque chose à Annecy.

Nul doute que la carte interactive des futurs projets publiée lors de la campagne électorale a fait rêver les amoureux d’Annecy : elle permettait à tout un chacun d’intégrer SON projet, et de maintenir l’illusion qu’elle serait la feuille de route du mandat. On vous l’a dit : l’important, c’est le récit.

AU-DELÀ DES ANNONCES, UNE MAJORITÉ EN CRISE

Sauf que voilà, gouverner, c’est aussi s’inscrire nécessairement dans un principe de réalité. En témoigne le dernier budget, complètement neutre de tout marqueur politique, dépourvu de cap. Une majorité qui, s’étant écharpée sur les projets, faute de vision commune, est aujourd’hui éclatée en trois groupes politiques, au point d’en faire parfois oublié à l’observateur que ses membres ont pu être, en 2020, sur la même liste.

Un fiasco qui commence avec le simple fait que d’ici la fin du mandat, rien n’aura été fait, hormis la poursuite des projets de l’ancienne mandature, aucun bouleversement, aucun changement clair, qui marquerait l’entrée d’Annecy dans une nouvelle ère...

A l’instar de l’érosion du modèle soit disant coopératif de Railcoop, on assiste à l’érosion des promesses de campagne à mesure que le mandat avance. Réveillons Annecy pour qu’Annecy Respire promettait une gouvernance très ouverte. En réalité, le constat est fait que même le premier adjoint s’en va sur fond de désaccords avec la manière dont le maire gère sa majorité. Il l’a annoncé mais à l’heure qu’il est, il est toujours premier adjoint de la Ville d’Annecy, souhaitant se retirer pour “récupérer une à une journée et demie par semaine”. Comme si premier adjoint d’une Ville comme Annecy, 27ème ville de France avec 135 000 habitants, n’était pas un boulot à plein temps… Sa ou son remplaçant⋅e se fait toujours attendre… A croire que personne n’a envie de s’atteler à faire vivre le dialogue, ne serait-ce qu’au sein de la majorité. Un fonctionnement qui semble plutôt très loin du modèle citoyen que prônait le collectif...

RÉVEILLONS ANNECY, UN LABORATOIRE DE LA DÉSILLUSION DEMOCRATIQUE

Cette stratégie peut s’avérer très habile… à condition qu’au bout du compte les projets soient délivrés avant que les soutiens ne s’épuisent et entraînent une forme de banqueroute. Si Réveillons Annecy pour qu’Annecy Respire use des slogans les plus séduisants, l’initiative arrivée à la tête de la Ville est aujourd’hui source de désillusion démocratique. Le paroxysme est atteint avec la campagne de communication “toujours plus proche de vous”. Faute d’être capable de se confronter aux habitants en réunion publique pour parler de leur “projet de mandat”, on allume des contre-feux pour essayer de séduire des citoyens de moins en moins crédules.

Tout comme une coopérative ferroviaire, la façade citoyenne d’un collectif qui cherche à arriver à la tête d’une administration ne peut s’extraire des réalités dans lesquelles, une fois à la gouverne, il devra s’inscrire et agir. Moins de communication, plus d’humilité, mais pour autant, beaucoup d’ambition : c’est ce à quoi doit ressembler la future équipe qui gouvernera Annecy !

Le mouvement Les Annéciens

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