BG
AG
WDP
22 Dec
22Dec

Dans les débats qui animent notre territoire sur la mobilité, la question de la gratuité des transports en commun revient souvent. Cependant, dans un contexte budgétaire tendu pour l’agglomération et les collectivités locales en général, il est crucial d’expliquer pourquoi cette proposition n’est ni économiquement viable ni stratégiquement pertinente.

Une gratuité coûteuse aux conséquences sous-estimées

La gratuité des transports ne signifie pas qu’ils ne coûtent rien. Au contraire, elle transfère la charge financière des usagers vers les contribuables. Dans le cas du Grand Annecy, où les besoins en mobilité durable sont immenses, cette mesure représenterait un manque à gagner considérable. Ce déficit pèserait directement sur le financement de projets structurants, tels que :

  • L’extension des réseaux de bus,
  • Le développement des lignes structurantes à haut niveau de service,
  • Les investissements dans des infrastructures à faible émission.

Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, a récemment expliqué :

"Rendre les transports gratuits, c'est renoncer à investir pour leur développement et leur modernisation. Pour une grande métropole comme Lyon, cela représenterait un coût de 560 millions d’euros par an. Ce n’est pas soutenable. Nous préférons concentrer les moyens disponibles sur l’amélioration du service, avec des investissements massifs sur les lignes structurantes et l’achèvement du maillage du territoire."

Ces propos trouvent un écho direct dans la situation du bassin annécien. Avec une croissance démographique continue et une pression touristique importante, chaque euro doit être investi avec discernement pour répondre aux besoins réels des habitants.

Des choix budgétaires responsables et stratégiques

Face à des arbitrages budgétaires complexes, les priorités du Grand Annecy doivent inclure :

  1. Renforcer l’offre de transport : augmenter la fréquence des bus, élargir les horaires de service et créer de nouvelles lignes pour répondre aux besoins des habitants.
  2. Accélérer la transition écologique : investir dans des véhicules moins polluants et promouvoir des modes de déplacement actifs comme le vélo ou la marche.
  3. Réduire les inégalités d’accès : proposer des tarifications sociales ciblées pour les publics les plus fragiles, afin de garantir une mobilité accessible sans compromettre l’équilibre économique.

Des études montrent que la gratuité des transports n’entraîne pas systématiquement un transfert modal significatif de la voiture vers les transports en commun. En revanche, elle peut saturer les réseaux existants, rendant le service moins attractif pour tous.

Une vision ambitieuse pour l’avenir…

Plutôt que d’opter pour des solutions simplistes, nous devons nous concentrer sur une transformation profonde et durable de nos modes de déplacement. Cela implique de mobiliser des ressources importantes pour :

  • Accélérer la réalisation des 5 lignes structurantes promises, un projet essentiel pour un transport en commun moderne et efficace.
  • Encourager l’adoption des transports en commun grâce à des mesures incitatives et une amélioration continue du service.
  • Réduire la place de la voiture en ville pour rendre l’espace public plus vivable et inclusif.

… mais victime de décisions court-termistes

Depuis le début de ce mandat, nous militons pour le déploiement rapide des lignes structurantes prévues par le futur réseau en site propre. Malheureusement, le Grand Annecy a préféré consacrer des ressources à des mesures coûteuses mais peu pérennes :

  • La gratuité estivale,
  • Le transport à la demande,
  • L’affectation immédiate des nouvelles recettes fiscales à l’augmentation de l’offre, au détriment des investissements de long terme.

Aujourd’hui, le coup de rabot sur le budget des transports de l’Agglomération n’est que la conséquence des décisions prises à la légère. Ces choix court-termistes ont retardé le projet consensuel d’un réseau de transport du XXIe siècle, digne d’une agglomération comme la nôtre.

Vote du budget transports à l'Agglomération du Grand Annecy

Le mouvement Les Annéciens reste convaincu que l’avenir de notre territoire repose sur des choix courageux et responsables. Dire non à la gratuité des transports en commun, c’est affirmer notre volonté de construire un réseau performant, accessible et écologiquement exemplaire.


Quelques chiffres clés

  • Les transports en commun à Annecy (SIBRA) coûtent autour de 32 millions d’euros par an en frais de fonctionnement. Sur cette somme, les recettes liées à la vente de titres de transports sont de 6,7 millions d’euros par an soit 21% du coût effectif. Le reste (environ 24 M€) est payé par les entreprises de plus de 11 salariés grâce au Versement Mobilité (taxe sur la masse salariale). 
  • En l’état actuel du Projet TCSPi (ou Réseau Haute Mobilité du Grand Annecy) et des variantes possibles, le coût du projet n’a pas fait l’objet d’une communication précise. (« entre 496 et 715 millions » pour l’investissement et coûts d’exploitation chiffré en utilisant un ratio technico économique standard).
  • La perte de recettes liée à la gratuité des mois de juillet et août est estimée à 700 000 € environ. Elle correspond à la non-vente de billets et de quelques abonnements. 700 000€ ne correspondent pas à 2/12eme des recettes commerciales car en été peu d’abonnements sont vendus.
Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.