Urbanisme à Annecy : Pour Astorg, il est urgent d'attendre
Le but de la politique, sa définition même, est de rencontrer les citoyens directement pour débattre des problèmes de la Cité. Le 13 mai, Nous avons convié les habitants du Grand Annecy à une réunion publique pour exposer les thématiques autour de l’urbanisme au cours d’une table ronde où étaient invités des élus, un promoteur, un architecte, et une représentante d’une association œuvrant dans l’habitat social.
Ce débat, nous l’avons décidé devant l’absence de volonté de la municipalité d’informer de manière juste les habitants sur des questions qui touchent le cœur de la cité : faut-il construire ? Si oui, comment construire ? Où construire? Et pour qui ?
(Re)donner une vision d’ensemble au citoyen
Les questions d’urbanisme et de mobilité (les deux aspects sont liés dans le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) habitat mobilités bioclimatique (HMB) en cours d’élaboration à l’agglomération du Grand Annecy) font l’objet d’un vif débat à l’intérieur duquel chacun croit détenir la vérité et apporter la bonne solution. Il faut beaucoup d’humilité face à ces questions dont l’enjeu est crucial au vu des échéances climatiques à venir. Le débat lors de cette table ronde a réussi à amener une réflexion en rupture avec la bien-pensance du discours politique actuel, et une vraie construction (parfois contradiction) des idées autour des différentes thématiques abordées.
Annecy, terre d’accueil et dynamisme économique
Trois quartiers, trois exemples
A travers Novel, Champ Fleuri et Chorus, Jean-Claude Meresse a su évoquer à la fois l’audace et la vision des décideurs de l’époque. Depuis les années 50, les mêmes interrogations : faut-il construire en hauteur ? Comment végétaliser (ce qu’on appelait autrefois les “jardins” et qu’on nomme aujourd’hui "îlots de fraîcheur”) ? Quels services publics pour quels usages (on en a même fait un métier “assistant à la maîtrise d’usage”) ? Comment accueillir la population dans de bonnes conditions face à l’essor économique de la ville ? Faut-il, comme le propose Pascal Sciabbarrasi (porte parole d’EELV74) reporter le problème sur les autres communes du territoire car “on est trop nombreux à Annecy, ça crispe les habitants, on perd la ville qu’on aime de notre enfance” ?
Annecy, une ville dynamique, en tension sociologique
Annecy, en comparaison avec ses voisines comme Annemasse ou Thonon-Les-Bains, est une ville au tissu économique riche, comme le montre le graphique présenté par Denis Duperthuy.
L’indice de concentration de l’emploi correspondant au nombre d’emplois présents sur le territoire du Grand Annecy (dans les entreprises, les administrations, les professions libérales…) ramené à la population active (tous les habitants de 15 à 64 ans résidant sur le Grand Annecy). Un indice supérieur à 100 signifie que le territoire est attractif : il y a plus d’emplois offerts que d’habitants pouvant les occuper. Il existe un flux quotidien de personnes qui n’habitent pas le Grand Annecy et qui viennent y travailler (sans compter les habitants du Grand Annecy qui vont travailler à l’extérieur du territoire, par exemple les frontaliers).
La catégorie 24-34 ans (nous avions 2 représentants sur 6 invités à la table ronde) représente le plus gros contingent d’arrivant sur l’agglo. Et surtout, la population n’a pas de capacité financière à trouver un logement comme le montre ce deuxième graphique : 75% de la population a des revenus en dessous des plafond PLS (Les logements PLS, financés par le Prêt Locatif Social, sont attribués aux candidats locataires ne pouvant prétendre aux locations HLM, mais ne disposant pas de revenus suffisants pour se loger dans le privé.). Ce taux est semblable au reste de la France.
A noter le chapeau au sommet du graphique, particularité de la sociologie annécienne ;).
Un débat citoyen, enfin!
La réunion publique a donné lieu à une table ronde où étaient présents, en plus de nos trois élus Denis Duperthuy, Claire Lepan, Antoine Grange, un architecte, un promoteur important de la région et un représentant d’une association de défense des locataires.
Les questions d’actualités n’ont pas été éludées : L’opération SNR, Le gel des permis de construire, véritable épée de Damoclès sur la fluidité du marché du logement ou le “référentiel bien construire à Annecy”, obsolète avant même d’être mis en œuvre, tous ces sujets dont nous avons déjà dit tout le bien qu’on pensait, ont été débattus.
Il y a urgence
La richesse des débats, la mise en perspective de l’intérêt général au regard des intérêts particuliers, ont permis à chacun de se faire une opinion sur un sujet complexe et trop souvent dénaturé (à coup de slogans simplistes tels que “Stop au béton”). Surtout, l’urgence climatique nous impose ses règles et nous pousse à construire différemment, en particulier sur un territoire où le foncier est cher, mais pas forcément aussi limité qu’on le pense. De ces contraintes peuvent naître des opportunités. La démarche ZAN (Zéro artificialisation des sols) oblige à des politiques publiques incitatives et innovantes comme le programme “cartofriche” du CEREMA.
Le passage de la RT2012 (réglementation thermique RT2012) à la RE2020 (réglemantation environnementale RE2020) impose une décarbonation progressive à la fois des moyens de chauffage, d’isolation mais aussi des matériaux de construction utilisés qui seront biosourcés. La RE 2020 est évolutive, les futurs programmes de logement seront passifs, interdits de chauffages faisant appel aux énergies non renouvelables et construits en matériaux à faible bilan énergétique. Les coûts de construction vont donc continuer d’augmenter sur un foncier de plus en plus cher (sans compter l'inflation...).
C’est pour toutes ces raisons, M. Astorg, qu’il est urgent d’agir. Nous, Les Annéciens, continuerons d’agir et d’informer les habitants de l’agglomération sur tous les sujets du “vivre ensemble” où nous considérerons l’information délivrée au mieux insuffisante, au pire malhonnête. Merci encore aux invités de la table ronde, à la richesse des débats et que vive la démocratie.
les jardins circulaires de Copenhague
Le mouvement Les Annéciens