Face aux discours déconnectés des réalités et des enjeux réels du territoire, contre une gouvernance de l’intérêt personnel et de l’émotion, le mouvement Les Annéciens souhaite mettre en valeur les données de l’observatoire départemental pour diffuser, de manière objective, la situation de notre territoire. Ce premier article s'intéresse à la démographie du territoire.
La Haute-Savoie compte 838 000 habitants au début de l’année 2021, soit 7 400 habitants de plus chaque année depuis 5 ans. Le département est classé 7ème plus forte croissance de France métropolitaine (+0,91% par an, contre +0,24% par an au niveau national). Cette croissance annuelle correspond, à titre de comparaison, au poids démographique d’une ville grande comme Faverges-Seythenex, Douvaine ou Cranves-Sales. Cette croissance implique inévitablement de nouveaux besoins en équipements :
Cependant, on constate un net ralentissement de cette croissance démographique depuis le pic atteint en 2013 (+13 450 habitants sur cette seule année), sous l’effet combiné de la baisse du solde migratoire et du solde naturel.
L’année 2020 est ainsi la 2ème année avec la plus faible croissance démographique du 21ème siècle avec “seulement” 6 617 habitants supplémentaires. Le solde naturel (naissance - décès) est le plus faible jamais enregistré, notamment en raison d'un nombre de naissances en forte baisse.
Les territoires en stagnation démographique s’étendent des stations de ski (+0,7 en 5 ans) au massif des Bauges et aux rives du lac d’Annecy, en raison d'un vieillissement de la population et d’un recul de l'installation de ménages avec enfants (coût du logement prohibitif & accentuation des difficultés d’accès à l’emploi). Certains centres urbains comme le cœur d’Annecy (Annecy, Cran-Gevrier, Meythet) ont une démographie relativement stable sur le long terme. Notons que si la population a tendance à stagner dans le cœur de ville, la dynamique de construction reste soutenue par la décohabitation des ménages (soit les séparations conjugales) qui est contrebalancée par des opérations de renouvellement urbain d’envergure qui permettent d'accroître le parc de logements en même temps que la densité des espaces bâtis.
Le ménage moyen est passé de 3,2 à 2,2 personnes. Cela a des répercussions sur l’offre de logements, qui doit désormais se destiner à des ménages plus petits mais avec des contraintes liées aux gardes alternées par exemple qui nécessitent plus d’espace pour une même famille décomposée.
Le nombre d’individus quittant le département a augmenté de 15% en 5 ans, tant que le nombre d’arrivants annuels est stable (-0,5%). 42% de ces départs concernent des personnes âgées de 20 à 35 ans.
On constate une exceptionnelle tendance des ménages à changer de lieu de résidence d’un foyer sur la période 2013-2018 :
La réduction de 56% de l'excédent migratoire depuis le pic de 2013 s’explique véritablement par le nombre de personnes ayant quitté le territoire qui s’est accéléré ces dernières années, passant de 19 600 départs en 2012 à 26 500 en 2016 et encore 22 600 en 2017.
Ainsi, si la Haute Savoie attire toujours autant, la cherté de la vie, notamment pour des individus en début de carrière professionnelle, fait qu'elle "rejette" aussi de plus en plus de population en particulier les jeunes. S'il commence à se profiler un remplacement de la population sur notre territoire, il repose sur des générations plus âgées et riches qui "repoussent" les jeunes hors de ses "frontières".
L’ampleur de la tâche implique donc des investissements massifs, mais aussi des solutions alternatives de grande envergure afin de favoriser le maintien et l’accompagnement à domicile, sans parler d’un besoin considérable à venir en main d’oeuvre spécialisée, au risque d’aller au devant de très grandes difficultés de prise en charge des personnes âgées en situation de dépendance. L’inquiétude est d’autant plus grande que le département souffre déjà d’un grand déficit de personnels spécialisés à cause de l’attractivité suisse et de la faiblesse des salaires français dans ces corps de métiers “essentiels”.
Voici présentées ici quelques données qui permettent de tordre le bras à quelques idées préconçues, fantasmant parfois un phénomène “d’invasion” de personnes venant de l’extérieur. Ces chiffres mettent même en exergue la problématique de l’émigration de la jeunesse Haut-Savoyarde qui, du fait d’un coût de la vie trop élevé, doit souvent, par contrainte, quitter le territoire. Dans un prochain article, nous nous pencherons sur les raisons du dynamisme du territoire qui s’explique essentiellement par son tissu économique particulier et l’attractivité genevoise.
Le mouvement Les Annéciens
Source : https://www.hautesavoie.fr/sites/default/files/cg74/CD/HauteSavoie2030/observatoire2021.pdf