L’histoire agite Annecy. La gestion du Centre des congrès a changé de mains. Quand on dit Annecy, on parle de ceux qui savent comment sont partagées la propriété et la gestion de l’hôtel et des activités de l’Impérial, et savent situer le Centre des congrès dans le complexe de l’Impérial. Il n’est pas dit qu’ils soient si nombreux parmi les habitants du Grand Annecy. Il n’est pas dit que cette histoire intéresse vraiment tout le monde. Pour beaucoup de gens, l'hôtellerie de luxe est un monde inconnu. Et ils sont peut-être encore plus nombreux à ne pas connaître le tourisme d’affaires, le tourisme huppé des congrès professionnels.
L’hôtellerie présente l’avantage d’ être un formidable atout pour le bassin annécien, que ce soit en termes d’emploi parce que l’hôtellerie recrute dans des emplois non délocalisables et destinés à tout type et niveau de diplômes, de diversité de tourismes parce que les hôtels les hôtels permettent d’accueillir les touristes congressistes et la manne financière qu’ils représentent… Pour l’image, pour les retombées financières, et donc pour les finances des collectivités, les élus locaux et les services publics ont donc intérêt à s’impliquer sur ce marché, surtout quand les collectivités sont propriétaires des terrains, des bâtiments ou des deux à la fois.
Respecter ce qu’impose la loi d’abord. C’est une histoire maintenant ancienne que celle du combat contre la construction d’un Centre de congrès sur l’espace protégé d’Albigny. Le combat a été gagné contre Jean-Luc Rigaut et Bernard Accoyer, les promoteurs du projet. Denis Duperthuy, président du groupe des élus Les Annéciens au Conseil municipal d’Annecy et Claire Lepan faisaient partie de la poignée des premiers opposants. Ensuite, respecter la gestion raisonnable de l’argent public, qui est l’argent des impôts des habitants. Si une entreprise privée bénéficie d’un accord de gestion passé avec une collectivité pour gérer un Centre de congrès, elle doit évidemment rendre des comptes. C’est pour cette raison que les habitants sont malgré eux intéressés à la gestion du Centre des congrès. Ils sont propriétaires puisqu’il s’agit de l’argent de leurs impôts. En 2016, l’ex-C2A (dénomination de l'ancienne intercommunalité) devenue un an plus tard l’agglomération du Grand Annecy avait confié la gestion du centre des congrès de l’Impérial Palace à la SAS Impérial Palace du Groupe Pollet-Villard (PVG) pour une durée de 3 ans. Cette délégation de Service public (DSP) a été reconduite jusqu’au 31 octobre 2022.
Il s’agissait donc de préparer une nouvelle consultation pour ouvrir à la concurrence cette gestion du centre des congrès en présentant un cahier des charges de la consultation. Sur l’invitation de la Présidente du Grand Annecy, Denis Duperthuy (vice-président en charge des Finances) a été intégré au Comité de Pilotage (COPIL) qui avait pour objectif de préparer ce cahier des charges.
Nous avons commencé par le commencement : demander au groupe PVG de nous expliquer un certain nombre de dépenses supposées être en relation avec l’activité de Centre des congrès pour les comprendre, et accessoirement (pas tant que ça !) déchiffrer pourquoi le contribuable grand annécien verse chaque année une subvention de 260 000 euros. Certaines explications ont été données… après plusieurs relances. D’autres sont restées très floues au point que même le cabinet comptable KPMG, mandaté pour nous aider, n’arrivera jamais à fournir des comptes exacts de l’activité des congrès.
Nous avons ensuite fixé le cadre, la ligne politique. La première question qui s’est posée est assez simple : voulons-nous continuer à subventionner une activité de Centre des congrès ? Et accessoirement une entreprise privée, très rentable, mais incapable de nous fournir certaines explications sur l’usage de l’argent public ? Certes, la majorité des centres des Congrès de France n'est pas rentable. Mais certains le sont ! Et nous avons fixé cette ligne : oui, le centre des congrès d’Annecy, avec l’aura du lac et du territoire, doit pouvoir être sinon rentable, tout au moins à l’équilibre financier !
C’est ainsi que le cahier des charges de la nouvelle DSP (délégation de service public) stipulait que la gestion serait reconduite sur 10 ans (pour permettre au gestionnaire d’investir et d’avoir un retour sur investissement), sans subvention publique. Plusieurs candidats ont réfléchi, se sont questionnés. La configuration de la copropriété de l’Impérial qui comprend 3 parties (centre des congrès propriété de l’agglo, hôtel et casino propriétés de la ville et dont l’exploitant reste PVG) les a dissuadés de postuler pour garder des relations “cordiales” avec le gestionnaire de l’hôtel.
Nous avons donc reçu une seule offre, celle de PVG. Mais cette offre (qui demandait de poursuivre avec une subvention d’équilibre) ne correspondait pas au cahier des charges et a donc été légitimement rejetée.
S’est alors posée la question de la suite. Que faire ? 3 possibilités s’offraient à nous :
C’est finalement sur cette dernière piste que nous avons travaillé pendant plusieurs semaines en lien avec l’OT. L’objectif était de regarder si cette possibilité était techniquement, humainement et financièrement viable. Nous n’avons pas chômé car nous ne sommes pas des têtes brûlées, mais des élus responsables et pragmatiques.
Nous avons donc décidé de confier pour 10 ans la gestion du centre des congrès à notre Office du tourisme avec les conditions suivantes :
Cette exploitation coûtera beaucoup moins cher au contribuable. Elle garantit en sus la transparence totale sur les coûts de fonctionnement et les projets d’investissements puisqu'il s’agit de confier à notre Office de tourisme (structure publique), qui ne verse aucun dividende, notre argent public.
Il est le fruit d’une vision politique, du rôle de la puissance publique dans la sphère économique qui n’est pas de verser des subventions sans contrôle à des acteurs privés, mais d’offrir les conditions d’un épanouissement d’un secteur (le tourisme d’affaires) sur tout un territoire.
Ainsi, l’Office de tourisme gèrera les congrès en louant les salles que nous possédons. Il proposera aux organisateurs un listing d'hôteliers locaux pour l’hébergement, sans avantage concurrentiel pour l’un plutôt que les autres, ainsi qu’un listing de traiteurs/restaurateurs qui pourront fournir les repas (grâce à une cuisine de réchauffage à aménager) aux congressistes, là encore sans exclusivité pour l’un ou l’autre.
Ainsi, la structure publique de l’Office de tourisme garantit une chance égale pour chaque acteur de ce secteur (hôteliers, restaurateurs, agences événementielles, traiteurs…) de se positionner pour des prestations. Nous remplissons ici clairement notre rôle de stimulateur d’un secteur et d’un écosystème et non d’un seul acteur.
L’Office de tourisme du Grand Annecy pourra également bien plus facilement offrir une palette plus large de salles et espaces publics pouvant accueillir des séminaires ou des congrès en s’appuyant au-delà des locaux de l’Impérial sur d’autres salles (le Podium à Poisy, l’Espace rencontres à Annecy-le-Vieux, etc…). Cette agilité, cette modularité, cette complémentarité permettront d’offrir aux organisateurs de congrès soit de petits espaces, soit aussi des espaces certes déconcentrés, mais bien plus grands pour accueillir des congrès de grandes tailles.
Cette modularité possible grâce à une gestion publique du Centre des congrès répond aux attentes du secteur et ses évolutions, bien mieux que feu le projet de nouveau Centre des congrès porté par Jean-Luc Rigaut et Bernard Accoyer. Il joue sur la mutualisation d’espaces déjà existants, sur la découverte de tout notre territoire et pas uniquement de son lac et la rentabilisation d’équipement publics déjà existants. C’est là encore pour les acteurs du secteur et nos communes le gage d’une neutralité et d’un rayonnement plus grands.
Présentation de la délibération par Denis Duperthuy en conseil d'agglomération du Grand Annecy
Loin d’une vision passéiste de la construction d’un nouveau centre des congrès, loin d’une vision centralisée des congrès largement remise en cause par la crise Covid, loin des situations de rentes acquises par l’histoire, la nouvelle gestion saura repositionner l’action publique à sa juste place : offrir à l’écosystème économique du tourisme d’affaires les moyens de se développer à l’échelle du territoire pour garantir des retombées économiques mieux réparties, tout en s’appuyant sur des acteurs locaux, y compris PVG, qui ont fait leurs preuves dans leur domaines d’activités. Et tout cela en garantissant le meilleur usage possible de l’argent possible.
Le mouvement Les Annéciens salue le travail de ses membres et le choix du Grand Annecy. Faire de la politique c’est aussi cela : requestionner les états de fait à l’aune des évolutions, fixer une ligne politique et se donner les moyens d’aller à l’objectif fixé en économisant l’argent public le plus possible.
Le mouvement Les Annéciens