L’afflux de population nouvelle s’est accompagné d’un développement de l’économie présentielle. Depuis 2002, le principal secteur employeur privé du département est le commerce, progressant de 39% en 20 ans. Les emplois dans la construction ont, eux aussi, fortement augmenté (31% en 20 ans), ainsi que les emplois privés dans l’enseignement, la santé, et l’action sociale (+69%).
Ce développement de la sphère présentielle permet de ne pas dépendre de donneurs d’ordre extérieurs, et son développement est le fait uniquement de la consommation de la population résidente. Il s’agit d’une économie moins vulnérable aux crises de production et qui n’est pas délocalisable. Cependant, il convient de ne pas oublier l’importance du tourisme dans notre région et l’impact de celui-ci sur l’activité commerciale. Cette sphère s’est par ailleurs révélée plus vulnérable au choc du Covid-19 et aux restrictions d’activité qui en ont découlé.
Des questionnements subsistent quant à l’avenir des activités productives sur le département notamment suite à la pénurie de matières premières et de main d’oeuvre, mais également dans l’industrie largement spécialisée de la vallée de l’Arve qui va devoir faire face à la révolution de l’industrie automobile, qui n’est pas sans inconnues.
La vivacité des emplois dans la construction et les services non marchands témoignent de la vitalité de l’économie présentielle, destinée à satisfaire la population locale dans ses besoins élémentaires de logement et de services publics.
Malgré un effondrement en 2020 et 2021, années exceptionnelles liées aux restrictions sanitaires, la Haute-Savoie est la 6ème destination touristique française hors Paris.
7 000 Annéciens travaillent dans le canton de Genève en 2020. Cette accentuation s’explique par deux faits majeurs ces 20 dernières années : la disparition des restrictions en matière d’accès au travail en Suisse (accord bilatéraux de 2002) et l’ouverture de la branche autoroutière LIANE (A41 Nord) en 2008.
Les actifs Hauts-Savoyards ont perçu 40 856€ de salaires par foyer en moyenne (contre 29 827€ en 2018) en partie grâce à un taux d’activité record (80,1%) et un nombre de frontaliers en croissance. Le revenu médian a progressé de 31% en 10 ans contre 21% en France. Cependant, les inégalités sont importantes. Plus la frontière suisse est éloignée, moins le revenu moyen est élevé. Le revenu médian le plus faible du département est à Cluses (1 723€/mois) et le plus élevé à Archamps (4 143€/mois).
La Haute Savoie est à la croisée des chemins. L'augmentation de l'influence suisse et l'augmentation de population tracent un avenir centré sur l'économie résidentielle certes employeuse de main d'œuvre mais relativement peu créatrice de valeur ajoutée. Or tout notre modèle économique passé s'est construit sur le développement d'une industrie endogène qui certes résiste bien et entraîne dans son sillage des services aux entreprises très importants, mais qui est aujourd'hui fragilisée par le prix des actifs locaux (patrimoine et main d'œuvre). Au moment où le "made in France "et les relocalisations sont à la mode, l'industrie haut savoyarde qui crée beaucoup de valeur ajoutée et qui avait su s'adapter pour rester sur le territoire doit être soutenue pour faire face aux défis. La Haute Savoie, pour ne pas devenir uniquement une banlieue dortoir, doit investir dans les mutations industrielles et accompagner ces changements, tout en persévérant dans la promotion de nouvelles activités qui montent en puissance comme dans les industries créatives et la filière image, notamment sur le bassin annécien.
Le mouvement Les Annéciens
Source : https://www.hautesavoie.fr/sites/default/files/cg74/CD/HauteSavoie2030/observatoire2021.pdf