Alors que de nombreuses collectivités ont entrepris des démarches ambitieuses pour repenser leur réseau de transport en commun, à Annecy, où sont les Annéciens ?
Annecy accuse dix à vingt années de retard sur les questions de mobilité. Tous les élus du territoire en sont désormais conscients. Mais l’heure n’est plus à la chasse aux sorcières : un choc doit avoir lieu, pour que notre ville reste vivable. Là où la politique se heurte parfois aux réalités financières qui sont celles d’un réseau performant, de nombreuses collectivités se sont saisies du problème et nous montrent qu’urgence ne doit pas être confondue avec précipitation.
François Astorg, maire depuis sept mois désormais et vice-président du Grand Annecy délégué aux mobilités, annonce dans la presse (et notamment un article du Dauphiné Libéré du 24 décembre) que sa priorité est un tramway sur la rive Ouest. Soulignons que cette annonce a été faite en marge du dernier conseil municipal avec Benjamin Marias, et non pas comme il aurait été d’usage dans le cadre du conseil d’agglomération, d’où les questions suivantes : sur quelle base fait-il ce postulat ? Quel est le sens de cette priorité ?
Cette proposition est hors-sol. Alors que la commune d’Annecy accueille aujourd’hui 65% de la population de l’agglomération, l’installation d’un premier tramway (dont le kilomètre est peut être évalué entre 15 et 30 millions d’euros par kilomètre, sans compter le coût du matériel roulant et les coûts d’exploitation) devrait donc être pour la rive Ouest, qui en accueille seulement 5% ? Drôle de manière d’identifier les priorités, lorsque l’on sait que le tramway est un transport urbain utile et rentable en milieu urbain et dense. Qu’en pensent les élus et la Présidente du Grand Annecy ?
L’agglomération bordelaise devrait sur ce point nous inspirer. Sous la présidence d’Alain Juppé, l’organisation d’un grenelle des mobilités associant élus, financeurs et citoyens a permis l’élaboration d’une charte des mobilités, symbolisant actant la forte envie de transition des acteurs du territoire. Cette envie partagée a ainsi permis la création d’un comité chargé d’animer le collectif du grenelle composé de portes paroles des collectivités territoriales, de syndicalistes, de responsables associatifs et de représentants de l’État. Cette démarche nous semble nécessaire lorsque l’on constate la quantité d’argent public investi dans les infrastructures. L’arbitrage des stratégies doit se faire de concert avec les représentants des financeurs : entreprises (par le versement transport), collectivités (par leur capacité d’investissement), usagers (par leurs impôts locaux).
Les élus ne sont pas légitimes pour décider à eux seuls des projets aussi importants qui engagent le territoire bien au-delà de leur mandat.
Nous regrettons qu’un tel dispositif de participation citoyenne n’ait pas été mis en place par la Ville d’Annecy et le Grand Annecy, comme nous l’avons défendu pendant la campagne des élections municipales. Nous comprenons la précipitation des élus majoritaires qui souhaiteraient selon la rumeur inaugurer une première ligne avant la fin du mandat.
Nous demeurons sceptiques sur les conclusions du maire qui nous semblent hâtives. Si la priorité c’est la rive ouest, qu’on nous le prouve !
Nous avions élaboré un projet de mobilité dans notre programme (soumis à concertation). Nous proposions en priorité une ligne de Tramway de Seynod jusqu’aux Glaisins ainsi qu’une ligne de bus à haut niveau de service en site propre d’Epagny jusqu’à Duingt. Ces investissements importants nous semblaient réalistes et appropriés pour répondre à l’urgence climatique et aux difficultés du territoire. Cette méthode et cette vision apparaissent aujourd’hui clairement en décalage avec les annonces faites par le tandem à la tête de la ville. Nous souhaitons que notre agglomération prenne une route bien différente pour mener à bien ce projet des mobilités.
Les élus du collectif "Les Annéciens"