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26 Jun
26Jun

Le compte administratif qui recense le bilan de 2022 montre un état catastrophique des finances de notre ville

Le budget principal affiche un excédent de fonctionnement historiquement faible à 20.8 M€, qui se traduit par un taux d’épargne brute à 9.5% sous le seuil d’alerte de 10%.

Cette dégradation s’explique par un effet ciseau entre les dépenses de fonctionnement qui continuent d’augmenter fortement (+8.5% en un an soit +15.5 M€) et les recettes qui progressent de 7.1% (+13.5 M€).

Or sur 2022, les recettes ont été largement boostées par une hausse des tarifs votée en janvier de 2.5% (+4.6 M€) ainsi que la hausse des impôts de plus de 8% votée par la majorité sur la taxe foncière, et une surimposition sur la taxe d’habitation pour les résidences principales (au total +6 M€). Les hausses d'impôts ont rapporté 3 M€ de recettes.

Sans cette hausse, le taux d’épargne brute s’établirait à 8% soit la cote d’alerte à partir de laquelle les banques refusent de prêter. On note que cette hausse, contrairement à ce que nous avait promis le maire, n'a pas permis de sortir de la zone d’alerte et de remonter au-dessus des 10%... C’est très inquiétant.

Cette dégradation provient de l’absence de maîtrise des dépenses de fonctionnement qui explosent cette année. Les charges à caractère général augmentent de 16% soit de 7 M€ en seulement un an (et l’inflation des fluides n’en explique que 2 M€ : c’est notre patrimoine pléthorique de 750 bâtiments que la majorité refuse de réduire qui explique ces envolées) ! La masse salariale augmente de 6 M€ (+5.3%), les charges de gestion courante augmentent de 1 M€ malgré une stabilité des subventions aux associations (ce sont les subventions aux écoles privées, obligatoires par la loi qui expliquent cette hausse), et les charges exceptionnelles de 2 M€ (dont 1.4 M€ inscrits pour risques de contentieux… le résultat de l’annulation de permis de construire pour des raisons dogmatiques).

Côté investissements, les dépenses reviennent enfin à un niveau “normal” à 61.9 M€ en 2022 contre 47.2 M€ en 2021. On pourrait se féliciter de ce retour des investissements mais en réalité cette hausse est surtout liée à un niveau anormalement élevé d’acquisitions foncières (pour 16.8 M€, bien au-delà du montant voté au budget prévisionnel). Au contraire, le montant des enveloppes récurrentes reste malheureusement stable à 19.9 M€. Quant aux investissements structurants, ils plafonnent à 5.7 M€…

Pour financer cela, la ville, faute d’excédent de fonctionnement suffisant, a eu recours fortement à l’emprunt en demandant 20 M€ aux banques. L’encours de dette (ce qu’il reste à rembourser) passe ainsi de 53.8 M€ à 67.8 M€. Et le fonds de roulement (les excédents précédents cumulés) est ponctionné de 1 M€ et se dégrade lui aussi.

Ainsi, il apparaît finalement clairement que les investissements du quotidien pour les Annéciens d’aujourd’hui restent les parents pauvres de cette politique. Il faut sortir de cette logique.

Revoir les investissements

Au conseil du 26 juin, la majorité a proposé d’augmenter les crédits pour le projet du Haras de 6 M€ supplémentaires après les 6 M€ supplémentaires déjà octroyés en mars dernier. Ce projet va donc être porté à 50.5 M€ avec une hausse de 12 M€ (+31%) en quelques mois seulement. Il apparaît d’ailleurs qu’il faudra encore augmenter cette enveloppe de 2 M€ supplémentaires pour la scénographie et la muséographie de la cité du cinéma.

D’après les informations que nous avons pu glaner (puisqu’on refuse de nous donner le détail), l’aménagement du parc serait chiffré à 8 M€, la rénovation des bâtiments historiques pour CITIA à 12 M€ et la création du cinéma-aquarium à 16 M€, la rénovation de la halle gourmande à 12 M€.  Or, aucun plan de financement n’est annoncé. Les recettes, subventions sont toujours inscrites à zéro pour cet investissement. En 3 ans, la majorité n’a toujours pas d’engagements fermes de nos partenaires : Etat, Région, Département ? Et qu’en est-il des coûts de fonctionnement de cet investissement ? Qui paiera ?

Nous le disons tout net : c’est de la folie ! Il est temps de dire stop et d’arrêter les frais (qui s’élèvent à 3M€ pour l’instant dépensés) sans ces engagements. 

La salle de cinéma par exemple à 16 M€ équivaut à la construction d’une piscine, ou à celle d’un groupe scolaire neuf… Il faut arrêter et reprendre complètement le projet. Comme nous le disions en 2020 au moment de la campagne, nous ne sommes pas favorables à l’installation de CITIA et de la cité du cinéma aux Haras : c’est hors de prix pour un petit espace, contraint par le caractère historique des bâtiments. Un bâtiment neuf, excentré du centre-ville (il faut apaiser la ville selon les slogans de campagne de Réveillons Annecy et Annecy Respire), conçu avec des qualités énergétiques et techniques propices à des expositions pourrait coûter largement moins cher que 12+16=28 M€.

Pour nous, dans l’immédiat, il faut ouvrir le parc et faire un aménagement simple (pas à 8 M€ pour moins de 3 hectares !) et nous présenter un projet réaliste et réalisable avec un plan de financement de l’investissement et un plan de financement des frais de fonctionnement.

Pour la piscine des Marquisats c’est la même chose. L’enveloppe votée s’élève à 38 M€ : un projet totalement délirant quand on sait que les dernières piscines dans le coin (Sallanches, Bellegarde…) ont coûté entre 15 et 20 M€ et que le projet porté par les communes du Nord de l’agglomération de 3e piscine est chiffré à environ 15 M€. 

Le projet de piscine des Marquisats avec hammam, sauna, grand luxe, etc… n’est plus réaliste.

Nous voulons juste une piscine pour nager et faire que nos enfants apprennent à nager. Là aussi il est temps de dire stop ! Et de tout reprendre à zéro sans folie des grandeurs. 

En attendant, et parce qu’elle sera nécessaire y compris pour les Annéciens, nous proposons que la ville d’Annecy participe au financement de la piscine d’Epagny-Metz-Tessy, projet déjà bien avancé qui peut sortir de terre rapidement, nous laissant ainsi le temps de repenser un projet viable de piscine aux Marquisats.

Enfin le conseil municipal a porté l’enveloppe pour la rénovation de l'hôtel de ville à 30 M€, dont 20 M€ payés par les assurances et 10 M€ d’argent des contribuables annéciens… pour créer une mairie qui accueillera moins d’agents qu’avant !

Nous restons convaincus que la vente de patrimoine sans intérêt pour l’action publique avec un emprunt raisonnable aurait permis de construire une nouvelle mairie bien plus fonctionnelle et adaptée pour les agents. L’argent de l’assurance aurait largement suffit à ouvrir un musée d’art dans la mairie actuelle tout en installant les guichets d’une mairie annexe pour les Annéciens assurant un contact avec les Annéciens et l’ensemble des services de la Ville.

Ainsi ces 3 projets sont passés au total de 90 M€ en 2021 à 120 M€ aujourd’hui, soit une augmentation d’un tiers (+33%) en 2 ans. 

C’est intenable financièrement. Cela vient surtout assécher tout financement pour les projets du quotidien des habitants : voirie, rénovations d’écoles, de crèches, isolation de MJC, aides aux associations… 

Nous disons stop au bling-bling pour quelques-uns. Revenons à la raison. Et investissons enfin pour nos enfants, notre quotidien et l’urgence climatique et sociale. Bref investissons utile en renouant avec le bien commun !

Les élus Les Annéciens

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