Réseaux de chaleur : un investissement incontournable de souveraineté énergétique

La transition énergétique nécessite une diversification des solutions pour répondre aux défis climatiques et réduire notre dépendance aux énergies fossiles, autant pour des raisons géopolitiques et de souveraineté, que pour des raisons budgétaires. 

Si la biomasse (le bois) s’impose comme une ressource clé pour alimenter les réseaux de chaleur, la géothermie, en particulier en moyenne et grande profondeur (qui correspond à des puits allant jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur) , offre un potentiel encore plus performant et durable. À Annecy, conjuguer ces deux approches pourrait maximiser les bénéfices environnementaux, économiques et sociaux.

Pourquoi intégrer la géothermie aux réseaux de chaleur ?

C’est un peu comme si nous utilisions un radiateur géant naturel enfoui sous nos pieds, qui fonctionne jour et nuit sans interruption.

Une ressource inépuisable et stable 

La géothermie utilise la chaleur naturelle de la Terre, disponible en continu. Contrairement aux combustibles ou même à la biomasse, elle ne dépend pas d’une ressource externe et offre une stabilité énergétique incomparable. Cette ressource est idéale pour fournir de la chaleur sur de longues périodes, sans impact significatif sur les écosystèmes locaux.

Une capacité à produire beaucoup de chaleur de manière constante

En moyenne profondeur (500 à 2 000 mètres) ou grande profondeur (plus de 2 000 mètres), les réseaux géothermiques atteignent des températures élevées, idéales pour alimenter des réseaux urbains denses comme celui d’Annecy. La chaleur géothermique peut également être combinée à des pompes à chaleur pour optimiser son utilisation, notamment pour des besoins résidentiels ou industriels.

Réduction drastique des émissions

Avec des émissions quasi nulles, la géothermie dépasse largement les objectifs de neutralité carbone. Dans les zones où elle est exploitée, elle permet de remplacer intégralement les chauffages individuels à énergie fossile, renforçant ainsi les efforts de transition écologique.

Un complément parfait à la biomasse 

Si la biomasse est idéale pour répondre à des pics de demande et valoriser les ressources locales, la géothermie apporte une base stable et continue. Cette complémentarité permet de construire des réseaux hybrides, robustes et moins dépendants des aléas liés à la collecte ou au stockage des combustibles

Des exemples inspirants en France

Des projets géothermiques en moyenne et grande profondeur ont déjà démontré leur succès dans plusieurs villes :

• Clichy-sous-Bois/Montfermeil : Ce réseau fournit de la chaleur à plus de 10 000 logements grâce à un forage de 1 800 mètres.
• Strasbourg : La géothermie profonde, avec des forages atteignant 3 000 mètres, alimente les besoins industriels et résidentiels tout en réduisant significativement les émissions de CO2.

Ces exemples montrent que la géothermie est particulièrement adaptée aux zones urbaines densément peuplées. Dès lors, pourquoi ne pas imaginer un tel projet ici, à Annecy ?

Annecy : un potentiel à exploiter

Annecy pourrait intégrer la géothermie dans son réseau en complément de la biomasse. 

Chaufferie biomasse (au bois) du quartier Novel-Teppes

Voici les étapes à envisager :

• Cartographie des ressources locales : Identifier les zones géologiquement favorables pour des forages en moyenne et grande profondeur.
• Développement d’un réseau hybride : Combiner la chaleur géothermique comme base avec des appoints en biomasse et/ou de récupération de chaleur (chaleur inutilisée produite par des industries, qui pourrait être récupérée) pour garantir flexibilité, durabilité et optimisation.
• Partenariats et financements : Mobiliser les aides publiques, comme celles proposées par l’ADEME, pour réduire les coûts initiaux des infrastructures.

Malheureusement, sur ce dernier point, si la Ville d’Annecy s’est engagée à soutenir une étude pour évaluer le potentiel géothermique et le risque sismique sur notre bassin annécien, l’Agglomération du Grand Annecy ne s’est pas portée sur cet investissement pourtant d’intérêt intercommunal. Il est urgent d’avoir une bonne connaissance de nos sols, comme l’ont fait nos voisins de l’agglomération genevoise, afin, demain, de connaître nos marges de manœuvre et d’investir sur ce qui nous permettra d'accroître notre souveraineté énergétique à travers les énergies renouvelables. Si l’Agglomération affiche des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2, à Annecy, les bâtiments — qu’il s’agisse de logements, de bureaux ou de commerces — produisent 60 % de nos émissions de CO2, principalement à cause du chauffage, ce qui en fait le principal émetteur. Sans action sur la décarbonation de la production de chaleur, l’objectif de diminuer de 40% les émissions de CO2 d’ici 2030 (par rapport à la décennie des années 90) sera vain.

Associer biomasse et géothermie, c’est bâtir un réseau de chaleur résilient, capable de répondre aux besoins énergétiques croissants tout en réduisant les émissions. Cette alliance est une opportunité pour Annecy de devenir une référence nationale en matière d’innovation énergétique. Investir dans ces technologies, c’est non seulement protéger notre environnement, mais aussi garantir un avenir énergétique durable et accessible pour tous.

Rejoignez le mouvement Les Annéciens pour participer à la transition énergétique de notre territoire et construire ensemble un futur respectueux de la planète. 🌍