Monsieur le maire,
Le collectif “Les Annéciens” a pris acte des mesures de soutien formulées par la Ville d’Annecy pour la réussite du déconfinement. Nous souhaitions vous proposer quelques mesures complémentaires qui nous semblent essentielles.
Nous prenons acte des mesures de soutien à l'économie locale décidée par l'Agglomération du Grand Annecy et la ville d'Annecy. Nous les soutenons car elles vont dans le bon sens : celui du maintien du tissu économique local et de nos capacités de rebond. Nous apportons tout notre soutien aux chefs d'entreprises et à leurs salariés dans cette période de crise. Cependant il nous semble que les mesures suivantes devraient être ajoutées par l'agglomération et/ou la ville pour aider nos entreprises.
Nous adhérons à la décision prise par l'agglomération de ne pas faire payer de loyers aux entreprises accueillies dans les locaux des pépinières, des hôtels d'entreprises et autres parcs d'activités. Par ailleurs, les grands gestionnaires de parc immobilier commercial ont été invités par le gouvernement à ne pas appliquer de loyers durant la période du confinement. Mais au-delà de ces exonérations justifiées, il reste une partie d'entreprises qui sont locataires de bailleurs privés, parfois particuliers et qui ne sont pas exonérés de loyer. Cette charge pèse sur la trésorerie et peut apporter des difficultés à nos TPE.
Proposition : Nous proposons que la collectivité garantisse le paiement des loyers sous forme de prêt remboursable pour les TPE qui en feraient la demande.
La réouverture des commerces de proximité, des entreprises, et de tous les lieux de vie collective, ne sera une réussite que si les clients retrouvent confiance, notamment en ce qui concerne les aspects sanitaires. La mise en place d'équipements de sécurité sanitaire (achat de masques, gants, visières, installation de plexiglas...) pour les salariés et les clients et/ou usagers implique pour les entreprises des coûts non anticipés qui peuvent impacter la trésorerie des entreprises.
Proposition : Aider à l'achat de ces protections et leur installation en finançant 50% de leur coût.
Annecy et son agglomération sont une destination touristique de premier plan et l'impact sur les sites touristiques locaux du confinement est extrêmement important. Les vacances de Pâques et plusieurs week-end prolongés traditionnellement pourvoyeurs de touristes n'ont pu avoir lieu comme d'habitude. Par ailleurs tout pousse à croire que cette année, le tourisme sera d'abord national et de proximité (Suisse, Italie) en attendant la réouverture des frontières et le retour à la normale pour les touristes plus lointains. Les sites touristiques ainsi que les équipements de spectacles, de culture et de sport auront besoin de retrouver de la trésorerie dès l'annonce du déconfinement en misant d'abord sur la clientèle hyper-locale pour relancer les entreprises.
Proposition : Lancer une campagne de communication (affichage en ville notamment) locale sur un slogan du type "Redécouvrez nos merveilles d'ici" mettant en avant nos lieux touristiques, culturels, sportifs et naturels locaux. Coordonner avec Savoie Mont-Blanc Tourisme une campagne de diffusion nationale pour promouvoir le territoire et les mesures de sécurité sanitaire prises.
Nous considérons qu'un retour à l'école dès Mai, sur la base d'une rentrée progressive et garantissant la sécurité des enseignants et des élèves, est possible. Cependant cette fin d'année scolaire ne peut se faire sur un modèle d'organisation "conventionnel" tel qu'il était en place avant la crise. Ce retour en classe doit s'appréhender comme un retour à la socialisation des élèves, et un temps de remise à niveau de tous pour éviter un décrochage synonyme d'exclusion scolaire éventuelle.
Les acteurs de santé publique consultés ont exposé un certain nombre de recommandations pour garantir au mieux l'absence de contamination des élèves et de leurs enseignants en classe. Pour cela des mesures de protection individuelle (masques, gel, savon) et collective (désinfection des locaux, organisation des moments de restauration en classes...) doivent être prises.
Proposition : Suppléer au besoin éventuel de masques pour les enseignants. Équiper tous les établissements de savon liquide, de papier à usage unique et éventuellement de gel hydroalcoolique. Augmenter le nombre de passage des agents d'entretien et organiser une restauration individualisée pour éviter les regroupements à la cantine.
Le confinement a vraisemblablement augmenté les inégalités de niveau au sein d'une même classe, entre les élèves qui ont pu bénéficier d'un accompagnement familial de leur scolarité et ceux qui ont eu plus de peine. Par ailleurs, la période de confinement peut générer des comportements post-traumatiques générant des formes d'agressivité (ou au contraire de l'effacement) qu'il faudra prendre en compte dans un collectif à reconstruire. Cela nécessitera un accompagnement plus individualisé encore qu'en temps "normal". Par ailleurs, l'objectif est de redonner confiance aux parents pour que les enfants retrouvent dès que possible les rangs des écoles.
Proposition : Ouvrir un fonds financier (jusqu'à 2 millions d'euros) pour permettre le recrutement temporaire d'animateurs diplômés et d'intervenants externes aux établissements par les équipes pédagogiques (dans le cadre de leur projet pédagogique) pour offrir en plus des temps en classe, voire en parallèle, des temps d'accompagnements culturels, sportifs et créatifs sur le temps "scolaire". La ville et de nombreuses associations possèdent des ressources humaines (animateurs périscolaires, centre de loisirs, etc...) qu'il s'agit de mobiliser pour "dédoubler" par moment les classes.
Une période de confinement est, d'après les pédopsychiatres et autres médecins spécialistes de l'enfance, un moment de stress voire pour certains peut être vécue comme un traumatisme. Parfois les difficultés familiales peuvent accentuer ce traumatisme. Il s'agit de repérer et si possible d'accompagner les enfants qui montreraient des signes de mal-être, au besoin en ayant recours à des professionnels de la question.
Proposition : Créer un fonds d'urgence pour accompagner les élèves, mais aussi les enseignants, les personnels du périscolaire, ATSEM, AESH et les agents d'entretien dans la gestion de la période post-crise en faisant appel à des professionnels de la santé. Ces professionnels pourraient intervenir soit en classe, soit en soutien individuel au corps enseignant et aux élèves. Ce fonds devrait permettre une prise en charge des frais engendrés et pourrait être doté de 500 000 euros et nécessiter un conventionnement avec les professionnels.
Les professionnels de la santé et de l'accompagnement à domicile ont été en première ligne de la crise. Leur courage et leur professionnalisme méritent notre respect et invitent à améliorer leurs conditions de vie et de travail, notamment dans une région sous tension comme l'est le bassin annécien.
Lors de visites à domicile, les professionnels de santé ainsi que les aides à domicile associatifs et privés sont obligés de payer leur stationnement de surface. Ceci entraîne soit une répercussion sur les tarifs demandés aux patients et seniors, soit une perte de rentabilité. Depuis de nombreuses années, ces professionnels demandent une exonération de paiement de ces droits de stationnement dans le cadre de leurs activités. Cette gratuité a été instituée pendant la période de confinement pour permettre les visites à domicile.
Proposition : Pérenniser la gratuité du stationnement sur le domaine public pour tous les professionnels de santé et d'accompagnement social et médico-social en trouvant un moyen, avec les représentants de ces professions, d'identification des véhicules.
Le prix du logement à Annecy est cher et la concurrence de la Suisse voisine entraîne un manque d'attractivité des carrières médicales, et médico-sociales sur notre territoire, créant une tension constante sur les recrutements. Pour garantir notre sécurité sanitaire et un accompagnement efficace des personnes à domicile, nous devons améliorer les conditions d'accès au logement pour ces professionnels.
Proposition : Accélérer la mise en construction de logements à prix intermédiaires réservés pour les professionnels de santé et d'accompagnement médico-social, en particulier les aides-soignants, les aides à domicile et les infirmier.e.s. Pour cela il nous dégager des marges de manœuvre budgétaires et prioriser ce type de construction.
Le monde associatif a été en première ligne pour garantir le lien social pendant cette période. De nombreuses initiatives sont nées et ont été soutenues par les associations. Par ailleurs, les activités de nombreuses associations ont été bouleversées par cette période, notamment la tenue de certains événements culturels et sportifs, de rencontres, etc... souvent générateurs de recettes. Nous saluons la décision des institutions ville et agglomération de soutenir le milieu associatif en versant dès à présent l'intégralité des subventions. Cependant, cette période aura des incidences sur les comptes des associations qu'il faut accompagner.
Le monde associatif, qu'il soit institutionnel (MJC, centres sociaux, musées, etc...) ou non a porté des actions de solidarité, de lien social et d'entraide en ayant recours au bénévolat mais aussi aux salariés en place générant des frais supplémentaires liées à ces innovations. Par ailleurs, les associations de soutien aux publics fragiles ont vu leurs activités augmenter largement pendant cette période.
En parallèle, certaines associations culturelles et sportives ont dû annuler des événements parfois très importants, des représentations, des matchs (...), générateurs de recettes budgétaires, hypothéquant ainsi l'avenir de ces structures.
Proposition : Créer une cellule d'accompagnement des associations et doter un fonds de soutien spécial de 1 million d'euros pour permettre la continuité de toutes les associations y compris après la crise.
Ces propositions visent à permettre le maintien des structures économiques, sociales, sanitaires, culturelles, sportives et associatives de notre territoire qui ne doivent pas être les victimes de la crise du covid-19. Elles nécessitent que la collectivité qui a des moyens financiers et peut se le permettre lance un message clair et fort de soutien inébranlable.
Pour financer ces mesures, la ville et l'agglomération disposent d'excédents budgétaires suffisants. Ces mesures ont de plus un caractère transitoire pour les finances publiques. Mais elles obligent l'Etat à permettre à nos collectivités de s'extraire du "Pacte de confiance" qui bride les dépenses publiques locales de manière exagérées et n'a pas de sens dans cette période. Nous demandons à l'Etat et son représentant local, le Préfet, un gel de ce pacte pour cette année particulière.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le maire, l’expression de notre plus profonde solidarité.
Les élus et colistiers de la liste citoyenne “Les Annéciens”