Voici des photos prises le 21 juillet 2021, soit 4 jours après la dernière manifestation festive organisée par Bonlieu Scène Nationale pour la Friche des Rails, censée pratiquer « un urbanisme tactique » dans le quartier des Trois Fontaines.
Pour être compris, nous recommandons la consultation des vidéos officielles des festivités heureuses qui ont eu lieu jusqu'au 17 juillet. Nous rappelons aussi l'intervention d'Antoine Grange, au Conseil municipal du 29 mars 2021, qui expliquait pourquoi il s'opposait au versement à Bonlieu Scène Nationale de 165 000 € pour la construction de menuiseries provisoires, quitte pour la ville à sécuriser le site.
C'est une volonté de changer un espace public dans le temps, grâce à l'intervention conjuguée des habitants, du tissu social, associatif, et des élus.
Cela se fait dans la durée, ce n'est pas plusieurs événements, ce n'est pas une kermesse de quartier, ou un festival, mais une envie d'un quartier nouveau, un lien établi avec la culture et les atouts du quartier qui survit à l'épreuve de la mutation du tissu urbain. Bref l’urbanisme tactique est un outil qui s’inscrit comme le préambule d’un réaménagement de quartier, l’étape 0 du projet, qui s'insère dans la ville progressivement. Il « essaie », teste, accommode avec les habitants.
Le projet exige attention et constance, pour assurer durablement la présence de la culture et des acteurs associatifs, les échanges de la démocratie locale, les exigences de la voirie et de la propreté.
Que Bonlieu Scène Nationale soit porteur de ce projet peut étonner. S'il n'y a pas à mettre en doute sa capacité financière ni sa connaissance des productions des arts éphémères de la rue. (n'y a-t-il pas là une contradiction avec le concept même d'urbanisme tactique, de faire de l’éphémère « venu d’en haut », « pensé ailleurs » ?), Bonlieu Scène Nationale est une grande institution culturelle d’envergure nationale, ce qui fait douter qu'elle ait pu faire en quelques semaines un diagnostic avec les habitants, comprendre la nature de leurs besoins et leurs attentes, avoir une connaissance pratique des lieux, établir des contrats de maintenance. Or, l'état et la vie du site après son désinvestissement par Bonlieu Scène Nationale confirment que ce travail n'a pas été fait. Il s'agirait donc d'une courte décentralisation charitable. Or, la proximité est la source privilégiée de la naissance d'un projet légitime et durable.
Il divise au lieu d'unir. Il mobilise les adversaires de la culture au quotidien. Il stigmatise la joie de la fête et rend improbable le désir d'accueillir des œuvres d'artistes. Si l’urbanisme tactique avait été réellement pensé, les lieux devraient être investis par les habitants. De fait, ce n’est pas le cas car ce ne peut être envisagé qu’à la condition d’un nettoyage régulier du site par la ville, au même titre que les autres espaces verts.
Le mouvement Les Annéciens