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18 Oct
18Oct

On ne prend plus très souvent le temps de prendre du recul, de se souvenir. La politique va à la vitesse de la société, et comme la société, elle souffre de ces maux de la satisfaction instantanée, de l’éphémère, de l’effet d’annonce préféré à la recherche de solution… Bref, 4 ans après mon élection à la Vice-Présidence du SCoT (schéma de cohérence territoriale) du bassin annécien, je m’oblige à me souvenir. 

Me souvenir des raisons pour lesquelles les élus Les Annéciens ont été promus par leurs pairs dans leurs différentes responsabilités (à l’Agglomération, au SILA, au SCoT), ainsi que celle de la défaite de nos adversaires de la majorité d’Annecy à dialoguer avec ceux qui devaient désormais s’imposer comme leurs partenaires : les élus de l’ensemble des communes de notre territoire.

Cet échec du dialogue est le résultat des slogans qui, en plus d’être creux, sont absolument démagogiques. L’épreuve du pouvoir et des responsabilités par la majorité Astorg-Lardet a montré à quel point ils ont répandu la désillusion chez les habitants, et même leurs électeurs et électrices. Ils ont fait miroiter la lune, alors que nous sommes bien sur terre, avec un territoire que l’on invente pas, qui existe, dans un univers fait de contraintes, de limites. Ces élus vous diront aujourd’hui qu’il y a trop de règles, trop de normes, que l’on ne peut rien faire, rien changer. De mon expérience de ce mandat, j’affirme que ce n’est là qu’une position fainéante, tant, de mon côté, j’ai pu malgré ma petite place, changer beaucoup de choses.Un SCoT qui avanceTout d’abord, il convient de rappeler que le SCoT intègre l’ensemble des textes de lois liés à l’aménagement du territoire, ainsi que le SRADDET, le schéma régional d’aménagement élaboré par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Les préconisations du SCoT produisent ensuite des effets sur les plans locaux d’urbanisme qui réglementent l’aménagement à l’échelle d’une commune, ou d’une intercommunalité. Ces derniers documents doivent être “compatibles” avec le SCoT.

Car si certains ont pris peur, imaginant que nos travaux prendraient du retard et viendraient mettre en péril l’avancée du PLUiHMB de l’Agglomération du Grand Annecy en cours de révision (Plan local d’urbanisme intercommunal Habitat, Mobilités, Bioclimatique), force est de constater que nous avons fait preuve d’efficacité. Une efficacité et surtout un climat politique apaisé que certains nous envient (comme à l’Agglomération du Grand Annecy). Ce n’est pas le fruit du hasard, c’est le résultat d’une méthode de concertation et de consultation. Une méthode collégiale, qui laisse la part belle aux exécutifs des différentes intercommunalités que nous sommes allés rencontrer à chaque étape, souvent à plusieurs reprises, pour aboutir à des objectifs et un chemin partagés.

Le SCoT est depuis ce mois d’octobre “arrêté”. Nos travaux sont désormais soumis aux avis des personnes publiques associées, et prochainement à la population. Une fois ces étapes franchies, une enquête publique sera diligentée pour élaborer un bilan de cette consultation, qui nous sera notifié, et qui nous permettra de faire quelques modifications avant l’approbation définitive dans un an.

Zéro artificialisation nette en 2050 : nous nous y tiendrons !
Fervent défenseur de cet objectif, je suis fier d’avoir participé à élaborer un SCoT qui a pris en compte cette règle au pied de la lettre. Malgré un territoire dynamique, malgré la pression foncière, je suis convaincu que si un territoire comme le nôtre ne s’engage pas à réinventer sa manière de construire, nul part en France nous le pourrons. Le bassin annécien doit montrer cette voie, faire confiance aux entreprises, aux élus, pour trouver des solutions et arrêter d’étendre de l’urbain sur des terres naturelles ou agricoles. C’est la voie que nous prenons, malgré la volonté des parlementaires de nous permettre de déroger à cette règle.

Si vous êtes curieux, vous pouvez retrouver l’ensemble des documents sur le site internet du SCoT du bassin annécien : scot-bassin-annecien.fr

ZAE de Brasilly : merci le SCoT !
Je retiendrai cette année particulièrement mon échange avec le collectif mobilisé contre la création de la ZAE (zone d’activités économiques) de Brasilly à Poisy. Si effectivement certaines de nos entreprises locales ont un besoin de foncier évident, répondre à ce besoin ne doit pas se faire n’importe comment. Sur cette zone de Brasilly, l’école d’agriculture forme ses jeunes agriculteurs, ceux qui demain prendront la relève d’une génération d’agriculteurs vieillissante, qui a besoin de pouvoir passer le relais. Avoir cette école sur notre agglomération est une vraie chance. Et pour faire de l’agriculture, il faut des hommes et des femmes, et pour avoir une école, il faut qu’elle leur soit accessible. En vertu des objectifs du SCoT qui souhaite préserver ce tissu agricole, le diversifier, mais surtout le renouveler, cette contradiction avec l’installation d’une ZAE sur ces terres n’était pas compatible. En cohérence j’ai exprimé mon opposition à ce projet, ce qui a entraîné son retrait de notre document d’urbanisme.

Malgré tout, je tiens à affirmer ici que l’argument de l’autonomie alimentaire n’en est pas un, celui de la préservation de la filière, oui. Je maintiens que préférer construire dans des zones urbanisées, avec des services existants (comme la zone de Brassilly peut l’être d’ailleurs, en étant en plein centre d’agglomération), est préférable à l’étalement urbain en frange urbaine.

Je maintiens, comme je le disais déjà en 2021 : "le site des anciennes serres d’Annecy est bien plus approprié à la densification qu’à l’agriculture car il s’y trouve l’ensemble des services publics à proximité, que nous sommes confrontés à une crise du logement chaque jour plus dramatique sur Annecy". Ici, la mairie est déjà propriétaire du foncier et pourrait tout à fait consacrer ce dernier à la réalisation d’une opération avec des prix maîtrisés ainsi qu'une part importante de logements sociaux dans un quartier en carence.

Malheureusement, les mêmes élus qui font croire par leurs discours qu’ils cherchent à répondre à la crise du logement refusent les permis de construire sur des terrains urbanisés, parfois même en friche. Ils sanctuarisent même complètement des quartiers entiers avec l’outil du “sursis à statuer”, sans aucun motif valable. Les effets de cette politique, on les connaît, on les vit au quotidien : relégation des travailleurs les moins riches en périphérie, augmentant leur dépendance à la voiture ; perpétuation de la pénurie de personnel dans nos emplois dit “essentiels” ; artificialisation des terres naturelles et agricoles, destruction de la biodiversité par la disparition des zones humides ; inefficience des services publics, qui par l’étalement urbain, perdent en proximité, et génèrent des coûts de fonctionnement croissants pour la collectivité.

C’est irresponsable socialement, écologiquement, et économiquement parlant.

Moins de parole, plus d’actes, faites confiance au SCoT du bassin annécien ! Je remercie l’ensemble des collègues élus au bureau et au comité du SCoT, particulièrement Antoine de Menthon, son Président, pour le suivi du travail réalisé jusqu’ici et que nous allons poursuivre jusqu’à l’approbation l’année prochaine !

Antoine GRANGE, élu du mouvement Les Annéciens

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